Mise à jour effectuée le 24/10/2010.

Les PPRT de La Pallice : le coup du grand écart

Grand écart...

Le lundi Maxime BONO exprime sa volonté de restaurer la confiance avec les habitants de Laleu-La Pallice, mais le jeudi il propose de donner un avis favorable sur le PPRT (plan de prévention des risques technologiques) de la société GRATECAP. Au final, ce sont les riverains qui vont faire les frais, et ce à plusieurs titres, de ce grand écart adoubé par l’unanimité des élus de la CdA.

A peine les clameurs de la foule retombées dans et aux abords de la salle des fêtes de La Pallice, trois jours après l’acte de contrition du maire1  de La Rochelle, la même semaine où ce dernier s’engageait à ne pas accroître le risque industriel dans la ville tout en expliquant que l’implantation de nouvelles cuves de produits pétroliers (tacitement autorisé par ses services…) n’ajouterait pas de danger au danger, voilà que Maxime BONO propose de donner un avis favorable sur un autre dossier concernant le même quartier : le PPRT de la société GRATECAP. Peu importe, donc, que l’hypothèse de l’explosion n’ait pas été prise en compte dans l’élaboration de ce PPRT alors qu’en revanche elle l’avait été pour le PPI2  (plan particulier d'intervention) !

Je me demande comment le maire compte restaurer la confiance avec ses administrés s’il profite à chaque fois du fait qu’ils soient obnubilés par un sujet pour avancer sur un autre tout aussi problématique. Nombre des questions3  que je posais déjà en 2008 sur le PPRT et le PPI de GRATECAP n’auront malheureusement de réponses que le jour où une catastrophe comparable à celle d’AZF surviendra. Et même si un tel drame se produit, Xynthia est là pour nous rappeler que les décideurs n’auront que peu de comptes à rendre. Les élus se réfugieront derrière des experts qui eux s’abriteront derrière la dimension théorique, et donc forcément lacunaire, de leurs expertises. Pendant ce temps les victimes qui ont payé le prix de la catastrophe, dans ce cas par l’inondation puis encore récemment par le vol de ce qui restait de leurs biens4, paieront également celui de décisions politiques prises à postériori, en l’occurrence la destruction de leur habitation, alors qu’il eût été plus simple d’anticiper. Car faire de la politique ce ne devrait pas seulement consister à gérer les affaires courantes, mais bien à penser et à agencer la société pour la préparer à un avenir meilleur à l’orée du bon sens et non des stricts intérêts économiques ou budgétaires des collectivités concernées.

Mais c’est à croire que les installations SEVESO sont pourvues, au même titre que le déchainement des forces de la nature, d’un caractère imparable qui nécessite de contraindre les populations aux alentours plutôt que d’envisager le réaménagement, ou le déménagement, des installations industrielles qui posent problème. 

Et c’est aussi à croire que les élus5  de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle n’ont rien appris des catastrophes d’origine industrielle, naturelle ou terroriste qui ont parsemé ce début de siècle. C’est à l’unanimité de ses membres que la CdA a donné un avis favorable au PPRT soumis par la société GRATECAP, et ce « sous réserve que vraiment aucun habitant n’ait à financer des travaux pour se protéger des dangers qu’il n’aurait pas lui-même générés6 », comme l’a déclaré Maxime BONO. Au-delà du fait que cette incise prouve bien qu’il y a un danger puisqu’il est nécessaire de s’en protéger, je crains que, là encore, la confiance des administrés à l’égard de leur premier magistrat soit mise à rude épreuve par la réalité. Car aucune loi, aucun décret, ni aucun arrêté ne garantissent encore que les citoyens concernés n’auront pas à payer en espèces sonnantes et trébuchantes tout ou partie du prix d’un danger qu’ils subissent déjà. Il faut savoir que la réalisation de travaux dans les logements est souvent estimée à plusieurs milliers d’euros par habitations. Et dans les meilleurs et les plus récents des cas, les conventions tripartites de financement, à savoir la répartition des frais entre Etat, collectivités et industriels, laissent encore 20 % des coûts à la charge du riverain7… Et nous ne parlons là que du budget des travaux destinés à parer un danger théorique, et non pas de celui nécessaire aux réparations si la catastrophe a lieu.

Aujourd’hui, c’est une gifle que le maire vient d’asséner à tout un pan historique de la ville en donnant un avis favorable sur un PPRT tout aussi dérangeant que celui de PICOTY. Suite à la réunion houleuse au sujet de ce dernier, Maxime BONO promettait : « On se revoit bientôt, dans un mois au plus tard8. » Mais le parcours du PPRT de GRATECAP et la teneur de réunions assimilables à des dialogues de sourds menés au pas de course n’augurent rien de bon pour l’avenir. La méthode Coué des élus et la suffisance des experts glisseront sur l’état d’anxiété des riverains ainsi que sur une confiance mise à trop rude épreuve par les élus sensés les représenter. Les habitants de Laleu-La Pallice attendent bien plus que des mots et des postures, ils souhaitent que leur mode de vie dans leur quartier ne soit plus dicté par le niveau de dangerosité et les émanations suspectes des activités abritées par la zone SEVESO.







1 Par PIERRE-MARIE LEMAIRE, « Avis de gros temps pour Maxime Bono », Sud Ouest, le 20 octobre 2010 – http://www.sudouest.fr/2010/10/20/avis-de-gros-temps-216355-650.php

2 Par MARIE-CLAUDE ARISTÉGUI, « Entreprise Gratecap : le risque près de chez soi », Sud Ouest, le 28 mai 2010 – http://www.sudouest.fr/2010/05/28/entreprise-gratecap-le-risque-pres-de-chez-soi-103197-1391.php

4 Par François COULON, « Xynthia : des maisons pillées », Europe1.fr, le 28 septembre 2010 –  http://www.europe1.fr/France/Xynthia-des-maisons-pillees-278497/

5 Les élus du Bureau Communautaire et leurs délégations – http://www.agglo-larochelle.fr/cda/lavie_elus.php

6 Sud Ouest, vendredi 22 octobre 2010, p. 21.

7 Par Sabine Casalonga, « Prévention des risques industriels : des progrès à confirmer », Journal de l’Environnement, le 22 octobre 2010 – http://www.journaldelenvironnement.net/article/prevention-des-risques-industriels-des-progres-a-confirmer,19728

8 Par PIERRE-MARIE LEMAIRE, « Avis de gros temps pour Maxime Bono », Ibid.





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