Mise à jour effectuée en octobre 2004.
La
Ville en Bois…
Les voitures ne passent plus !
La réunion publique qui a eu lieu mercredi 20 octobre à l’Encan n’a été que l’occasion de constater la mise en chantier d’un projet déjà tout ficelé, sujet à de nombreuses interrogations et posant de sérieux problèmes, à en croire l’assistance. Cette dernière en a été pour ses frais, écoutée mais pas entendue par une équipe municipale qui s’est livrée à un numéro de claquette sur l’air de « Tout va très bien Madame la marquise ». Mais comme dans la chanson, le refrain s’oppose à la réalité de la situation.
Pendant plus de quatre mois, si tout se passe pour le mieux, la coupure du pont du Gabut à la circulation routière pour cause de restauration va faire de la ville en bois une zone où seuls les résidants et les commerçants sédentaires auront une raison de se rendre. On ne peut que se faire l’écho de l’inquiétude de ses derniers quand on sait que les travaux débuteront juste avant les fêtes de Noël, période non négligeable pour leur chiffre d’affaire. Le même problème s’est posé pendant le Grand Pavois pour les commerçants qui ont eu la mauvaise idée d’implanter leur fond de commerce Avenue Marillac, puisque cette année un système de navette interdisait toute escale entre le rond-point de l’Europe et la zone d’exposition. Aucune subvention pour le manque à gagner constaté à cette période n’a été allouée aux personnes concernées. Alors je reste sceptique devant la concertation sur le tas proposée par l’équipe municipale pour constater les inconvénients réels des travaux du Gabut, mais aussi du quai Georges Simenon et Sennac de Meillan qui seront pour l’occasion également interdit à la circulation automobile.
De plus, le futur rond-point Couneau-Planet ne sera mis en place qu’après la fin des travaux du pont et des quais. Néanmoins, le flot de circulation interdit de Gabut sera dirigé sur ce croisement déjà dangereux en temps normal et rapidement engorgé en heure de pointe (débauche, heure des séances de cinéma,…). Une maison en ruine qui occupe l’emplacement de ce futur rond point, et dont la ville rencontre quelques difficultés pour en faire l’acquisition, ne doit pas servir de justificatif pour établir un calendrier des travaux inverses à toute logique. Par contre, elle se révèle être une preuve tangible d’un manque d’anticipation de la municipalité. Pourtant, chacun sait depuis longtemps que gouverner c’est prévoir ! Et il s’avère que, justement, l’extension de l’urbanisation aux Minimes et à La Ville en Bois ne date pas d’hier, provoquant même un déséquilibre aux dépens de La Pallice. Il aurait judicieux d’élaborer d’autres alternatives de circulation que le développement du Passeur, du Mini Bleu et des bus en « site propre ». Etant donné la fréquence de passage de ces derniers, la municipalité compte certainement plus sur les taxes que sur le taux d’utilisation pour rembourser des investissements de chaussée réservés qui étaient loin de s’imposer. Et ce ne sont pas les feux rouges qui se déclenchent au beau milieu de la nuit à l’approche de cette voie déserte qui suffiront à faire illusion sur sa nécessité. D’autant plus que ces moyens de circulation ne servent à rien pour ceux qui vont travailler en périphérie de La Rochelle, et sont de moins en moins valables pour des déplacements intra urbain puisque quatre arrêts ont été supprimés début septembre sur la ligne 10 pour respecter le parcours en « site propre ».
La volonté évidente d’éradication des voitures du pourtour du vieux port se poursuit coûte que coûte, accompagnée de réunions publiques qui ressemblent plus à des conférences de presse qu’à des séances de prise en compte des souhaits et des doléances des contribuables. C’est un nouveau style de démocratie participative qui fait actuellement sensation au Conseil régional1 et qui est apparemment décentralisée dans les municipalités de même majorité. On pousse même le bouchon jusqu’à appeler les rochelais à imaginer le Vieux Port pour leur faire penser que l’idée de la désertification automobile vient de la majorité. Mais les électeurs ne seront pas longtemps dupes du chemin emprunté. Déjà la piétonisation de certain secteur ne convainc pas tout le monde dans le sens où elle ne remplacera pas les pôles d’attraction qui devraient la justifier. Le fait d’avoir déménagé l’Aquarium a contribué à faire chuter le chiffre d’affaire des commerçants du secteur de 30 %2, déficit qui risque difficile à rattraper même après l’élargissement de l’espace piétonnier au mail. L’objectif final de l’aménagement des quais s’inscrit dans une politique globale évoquée à la réunion publique qui consiste à obtenir, à terme, le classement de l’intégralité du Vieux Port au patrimoine de l’UNESCO. A la lumière des exemples précédents, il faudra plus qu’une belle promenade pour garantir la vitalité du centre-ville en dehors des périodes propices aux déambulations touristiques. Ce qui fait la vitalité d’une communauté ce sont ces hommes et ses femmes, et les associations culturelles, artistiques et sociales qui les regroupent, ces mêmes associations qui font la queue pour se plaindre d’un subventionnement qui se réduit au rythme ou la ville s’embellie.
Mais en ces temps difficiles, la ville organisée dans l’optique de satisfaire ceux qui ont les moyens de profiter de la société des loisirs attirera prioritairement l’aristocratie en repoussant ceux qui favorisent l’intégration et la mixité sociale aux portes de la ville. De nos jours les couleurs politiques se confondent étrangement dans une nuance unique, celle de la superficialité et des apparences. Que ce soit au niveau des mœurs avec un asservissement à la société de consommation lorsque l’on ne pense exister que par l’intermédiaire de ce dont on a pris possession, des idées avec une pensée unique reprise à l’unisson et qui tente de nous convaincre de l’inéluctabilité de la libéralisation du monde, de l’écologie où l’on prône le vélo et la marche à pied alors que l’on s’empresse d’intégrer nombres d’évolution technologiques et scientifiques sans en connaître les effets à long terme, et de la politique où la communication se voit contredite quand on fait le bilan des actions. Toute cette complexité apparente déstabilise le citoyen qui s’écarte alors de la vie de la cité et laisse ainsi le soin de la gestion à ceux qu’il pense compétent pour défendre ses intérêts.
C’est ainsi que deux mondes se créent, celui qui se plaint sans s’engager, et celui qui trouvera tous les stratagèmes pour arriver à ses fins dans le cadre de ses attributions, et quelquefois au-delà. C’est ainsi que, par exemple, au lieu de faire preuve de courage politique en affirmant sa volonté de bouter les voitures hors de la ville, la municipalité prend pour excuse la lutte contre les accidents corporels pour « instaurer une zone 30 dans la totalité de l’hyper-centre »3. « Excuse » car la tendance des voitures à se déplacer trop vite n’a d’égal que l’incivilité des piétons qui, quand ils daignent respecter le lieu de rassemblement que constitue le passage clouté, ignorent les bonhommes verts ou rouges qui le surplombent et qui les concernent, comme c’est trop souvent le cas rue Dupaty. Si la municipalité s’attachait réellement au problème que constitue les accidents corporels, elle aurait fait en sorte que le sens de circulation soit modifié pour venir à bout de ce genre de point noir, et non pour servir à plus ou moins long terme une lubie d’urbanisme.
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