Mis à jour le samedi 7 avril 2007.

Le SCOT de
La Rochelle

 

Le Schéma de COhérence Territoriale (SCOT) arrive à point nommé. Il va donner l’occasion aux habitants de la Communauté d’Agglomération d’établir un bilan du travail effectué par ses élus, et de se prononcer sur l’avenir de leur territoire de par les orientations qui leur seront proposées à travers les programmes développés au cours des prochaines échéances électorales. Je contribuerai à ce débat par l’intermédiaire de ce site, et j’invite tous les citoyens de l’agglomération en accord avec mes propositions à se manifester afin que nous puissions élaborer une force politique alternative.

Le SCOT, qui sera élaboré par la Communauté d’Agglomération de la Rochelle et les 18 communes qui la composent pendant les quatre prochaines années (2007-2010) a tenu sa réunion de lancement le 26 mars 2007 au Forum des Pertuis. Ce rassemblement citoyen qui a donné lieu à une présentation de la démarche et à un échange entre les intervenants et l’auditoire est sensé préfigurer du dialogue permanent qui devrait être établi, au travers de réunions publiques, de découvertes du territoire, d’expositions, d’ateliers ou encore du site internet http://www.scot.agglo-larochelle.fr .

Mais avant d’aller plus loin sur le contenu de la réunion, il est utile de définir le SCOT. Le Schéma de Cohérence Territoriale est un outil de planification intercommunale qui cherche à infléchir les modes de vie de demain dans une perspective de développement durable, au vu d’un diagnostic et au regard des prévisions d’évolution du territoire. Il fixe les orientations générales de l’organisation de l’espace destinées à préserver un équilibre entre zones urbaines, industrielles, touristiques, agricoles et naturelles. Il devra donc répondre à des enjeux de développement économique, de politique foncière et d’habitat, d’urbanisation, de déplacements, d’environnement, d’équipements et de services. Le SCOT s’impose aux documents communaux tels que le Plan Local d’Urbanisme (PLU), les Zones d’Aménagement Différées (ZAD), et les Zones d’Aménagements Concertées (ZAC), mais également aux documents portés par la Communauté d’Agglomération comme le Programme Local de l’Habitat (PLH), le Plan de Déplacements Urbains (PDU), et la Charte d’Urbanisme Commercial (CUC). Le SCOT se veut plus politique et stratégique que le Schéma Directeur qui portait essentiellement sur l’occupation des sols.

Le Président de la Communauté d’agglomération Maxime Bono est donc intervenu en début de réunion en indiquant qu’à travers le SCOT, il s’agissait « d’imaginer 20 ans de la vie de nos territoires ». L’assemblée est cependant restée sur sa faim en ce qui concerne la vision « politique et stratégique » de notre député-maire en la matière, puisque celui-ci s’est éclipsé dés la fin de son intervention, sans avoir omis d’avertir l’assistance préalablement. C’est donc à travers les paroles de Suzane Tallard, Vice-présidente en charge de l’Aménagement de l’espace, que nous avons tenté d’entrevoir quelques perspectives. Là encore, nous n’avons assisté qu’à une présentation généraliste qui s’appesantissait plus sur la mécanique que sur l’orientation. Mais déjà commençaient à poindre quelques contradictions dans la liste des objectifs qui se déroulait devant nos yeux. Comment faire rimer protection de l’environnement et développement économique ? Comment « garantir le maintien de l’activité agricole » et « offrir des alternatives au déplacement automobile », ainsi que des surfaces constructibles pour accroître l’offre de logement dans l’agglomération ?

Ce fut le tour de Marie-Christine Jaillet, Directrice du Centre Interdisciplinaire d’Etudes Urbaines de l’Université de Toulouse, de poser la problématique des modes de vie dans une agglomération comme La Rochelle. Si la première partie de son intervention semblait impatienter l’assistance du fait qu’elle consistait à brosser le tableau d’une situation que chacun d’entre nous vit au quotidien, la seconde, plus prospective en laissa plus d’un dans l’expectative. Afin que le SCOT assure la diversité et la mixité sociale en ville, Mme Jaillet prône un retour à un modèle d’urbanisation plus « dense », et ce afin de mieux assurer les services que chacun est en droit d’attendre dans une communauté d’agglomération digne de ce nom. Dans le même ordre d’idée, elle met également en avant le besoin en logement collectif de location qui ne va cesser de s’accroître, et ce afin de satisfaire aux besoins de mobilité des travailleurs pauvres. Le locatif bon marché et le transport en commun accessible seront donc l’alpha et l’oméga de l’agglomération de demain.

Au-delà d’une simple réorganisation de l’urbanisation, les orientations que préconise Marie-Christine Jaillet sont les conséquences d’une politique menée ces cinquante dernières années. Elles correspondent aussi à une abdication du politique devant une situation que d’aucuns considèrent inéluctable et face à laquelle nous devons nous adapter.

En diluant notre souveraineté nationale dans le pot commun européen, en ignorant le principe de la constitution française qui est le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »1, en soutenant le « Oui » pour graver dans le marbre ce que je considère comme une trahison aux fondements de notre République, et en approuvant une constitution qui multipliait les domaines ou le droit de veto français aurait été ignoré, nombre de personnes toujours en charge des affaires de la ville ont leur part de responsabilité dans la situation actuelle. En créant les conditions d’une concurrence sociale et fiscale au sein de l’Europe, les états de l’Union ont accru la précarité financière et professionnelle d’une population qui, en plus de la nécessité de se loger à moindre coût, se voit confronter à la spéculation immobilière2, et qui doit se soumettre aux desideratas de ses employeurs en ce qui concerne son lieu d’activité. Les régions ont bénéficié des subsides européens, mais en contrepartie nos services publics ont été détricotés et privatisés afin de ne pas fausser les conditions de la concurrence dans le marché intérieur. C’est ainsi que la péréquation territoriale n’est plus qu’un concept, et que les experts nous encouragent à densifier nos villes afin que ce soit les citoyens qui se rapprochent des services, et non les services qui viennent aux citoyens… Cela s’explique par le fait qu’une activité est d’autant plus rentable que sa clientèle est située dans un périmètre restreint plutôt que dispatchée aux quatre coins de l’agglomération.

C’est lorsque nous sommes confrontés à ce genre de réalités que nous comprenons mieux l’impact de notre positionnement sur certains sujets qui, bien qu’ils paraissent éloignés de nos préoccupations quotidiennes comme peut l’être l’Europe, vont jusqu’à remettre en question notre mode de vie.

Mais quand le politique est assujetti aux lobbys économiques, il laisse également filer le développement automobile dans ses versions les plus polluantes sans encourager les alternatives technologiques qui auraient permis d’en limiter les conséquences. Il est vrai qu’il est plus difficile en tant que député de proposer une loi pour imposer le système Pantone3que, en tant que Maire, d’installer des parcmètres, d’alimenter ainsi le budget afin de se donner les moyens de projeter la construction de parkings surdimensionnés, et de poursuivre la chasse au stationnement dans les rues de la ville.

Parking de l'Aquarium
Le parking de l'Aquarium au 3/4 vide en semaine... comme d'habitude.

A la suite de la modification du plan de circulation de La Rochelle le 1er juin 2004, l’ATMO Poitou-Charentes, organisme régional qui mesure la qualité de l’air, remettait en cause l’efficacité de cette mesure sur la pollution automobile4. Certains des principaux responsables de cette affaire, jamais à cours d’arguments, dénonçaient l’augmentation du trafic pour justifier l’accroissement de la pollution5. Pourtant comme le fait remarquer judicieusement notre quotidien régional : « Il n’y a pas si longtemps, quand le quai Duperré était à double sens, 36 000 véhicules y passaient chaque jour. Le trafic a été réduit de moitié (…) 6» D’ailleurs cela semble assez logique que le trafic diminue de moitié lorsque l’on supprime intégralement un sens de circulation… J’irai même jusqu’à émettre l’hypothèse que, si un jour il est décidé de supprimer également l’autre sens, le trafic soit totalement annihilé.

Cependant il faut réellement manquer d’objectivité pour ne pas constater que ce plan de circulation a fait de La Rochelle une ville rond point, où les voitures sont entravées dans leur déplacement par des limitations de vitesse que même un cycliste exercé peut allègrement dépasser (30 km/h), où des rues autrefois tranquilles héritent aujourd’hui d’un trafic permanent (rue de la Sardinerie), et où les bouchons qui s’y forment désormais régulièrement contribuent à dégrader les conditions atmosphériques. Conditions qui sont encore plus préoccupantes dans les parkings souterrains comme le dénonce une étude de l’ATMO sur la qualité de l’air de la place de Verdun7. Cette étude dont les résultats ont été connus en 2003 n’a pas empêché la municipalité de poursuivre ses projets en ce qui concerne le futur parking « Notre-Dame » malgré l’opposition des riverains eu égard au surdimensionnement du projet, ou celui des « Chalutiers » qui va accentuer le flot de véhicule dans cette zone névralgique de La Rochelle (proximité de la gare, de l’Aquarium, accès aux Minimes, …). Mais il semblerait qu’il faille encore faire preuve de beaucoup de pédagogie pour faire entendre à certains qu’une voiture qui fait du surplace pollue plus qu’une voiture qui roule.

Parking Notre-Dame
Ici prochainement 750 places dans un parking avec 2 étages
en lieu et place des 260 places actuelles.


Tous ces problèmes résultent de choix « politiques et stratégiques » dont sont comptables les élus actuellement aux affaires. Il serait préjudiciable pour l’agglomération que l’engorgement quotidien du centre-ville se répande aux alentours. C’est pourtant ce qu’il risque se passer si l’on continue de confier aux mêmes personnes le Schéma de Cohérence Territoriale à venir. Maxime Bono déclarait un peu prématurément dans le Point Commun de juin 2004 que « le nouveau plan de circulation de La Rochelle peut être sereinement qualifié de réussi. Chacun respire mieux sur le Vieux-Port, beaucoup plus calme. Des espaces nouveaux sont ouverts aux piétons, aux vélos et au transport public, sans pour autant que la circulation automobile ne soit paralysée ». Il suffit de prendre sa voiture et de circuler en ville en semaine pour s’apercevoir du contraire. Il suffit de sonder ses connaissances pour constater que les choix de ceux qui sont sensés représenter les intérêts des administrés ont nui à la capacité d’attraction de la zone commerciale de l’hypercentre. Les habitués savent que de la Marguerite8émane un parfum de saturation. Aux difficultés de circulations causées par le fait que l’on a oublié une pétale (celle du tunnel ou du pont qui relierait les Minimes à Port-Neuf), s’ajoute un sous dimensionnement et une limitation de vitesse excessive des voies qui permettent de s’extraire de ce capharnaüm, un manque de signalisation au niveau de la disponibilité des stationnement qui à pour conséquence de créer un trafic de quête qui pourrait être évité, ainsi que l’incongruité de la répartition des places qui fait que l’on multiplie les parkings payant pour mieux expulser les voitures des emplacements gratuits qu’elles occupaient jusqu’à maintenant dans des rues où l’évincement ne se justifie pas (rue de l’Echelle de la Couronne, de l’Echelle Chauvin, du Brave Rondeau, …).

Rue de l’Echelle de la Couronne
Un beau gâchis d'espace.

Mais avant de tracer des plans sur la comète, et de se lancer dans des projets à vingt ans, il est urgent de prendre des mesures immédiates pour résoudre le problème de la circulation et du stationnement à La Rochelle.

Afin de décongestionner le centre-ville je propose que du lundi au samedi, et en dehors des mois de juillet et août, le parking de l’Aquarium soit gratuit pour tous les véhicules immatriculés 17. Je propose également l’instauration du disque horodateur dans certaines zones excentrées actuellement pourvues de parcmètres, avec une durée de stationnement maximum limité.

Afin de ne pas pénaliser les résidants du centre-ville, je propose d’établir des « pass personnels » qui permettront à ceux qui ne possèdent pas de garage de garer gratuitement leur voiture dans un certain nombre de rues sans avoir à se soucier de leur temps de stationnement. Dans le même état d’esprit, je propose la mise en place de « pass professionnels » qui donneront les mêmes droits mais dans une fourchette de temps qui correspond à l’activité professionnelle de la personne concernée.

Afin de sortir de l’orthodoxie municipale et redonner de la respiration au réseau routier, je propose un référendum qui portera sur le choix du plan de circulation en centre-ville. Les options seront les suivantes : conservation du plan de circulation actuel, retour à l’ancien plan de circulation en tenant compte des aménagements qui ont été réalisés depuis, ou choix d’un plan alternatif aux deux autres qui aura été élaboré et présenté aux rochelais préalablement. Je propose également de revenir dés maintenant à une limitation de 50 km/h sur les artères de dégagement, comme l’avenue Jean Guiton.






[1] La Constitution du 4 Octobre 1958, Titre 1, Article 2.

[2] Le centre-ville de La Rochelle compte près de 650 logements vacants – Sud Ouest, mercredi 26 avril 2006.

[3] Voir le dernier reportage à ce sujet diffusé le 25 mars 2007 au JT de 13H sur TF1

- http://www.dailymotion.com/search/pantone/video/x1jq78_jt-tf1-moteur-a-eau-pantone

[4] Sud Ouest, mardi 20 septembre 2005.

[5] Sud Ouest, jeudi 21 septembre 2005.

[6] Sud Ouest, mercredi 4 avril 2007.

[8] Le coeur de la fleur symbolise le centre de la ville auquel on accède par différentes voies qui forment des
boucles de circulation (ou des pétales). En revanche, il n’est pas possible de traverser le coeur qui se trouve fermé au transit.





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