Mise à jour effectuée le 14 juin 2009.

Le nouveau plan de déplacements de La Rochelle, c’est d’abord 900 places de stationnement actuellement gratuites qui deviendront payantes à partir du 23 septembre 2009. Tout ça parce que le dogmatisme l’emporte sur une bonne solution alternative encouragée par l’Union Européenne que l’équipe municipale feint d’ignorer.


Je ne m’étendrai pas sur le fait que La Rochelle est une des cités qui aurait certainement inspiré Einstein d’un bon mot sur la relativité étant donné qu’il est plus long de la traverser dans un sens que dans l’autre. Cela a été rendu possible depuis 2004 grâce à ce que je qualifie d’un « plan d’encombrement » qui a eu le mérite de non seulement fédérer les mécontentements, mais aussi d’éloigner les maricharentais de leur capitale, et en plus de faire de La Rochelle l’une des rares villes rond-point d’Europe. Si l’automobiliste avait jusque-là l’impression qu’en rentrant par un bout de la ville il ne pouvait sortir que par le bout opposé, il y a fort à parier que d’ici peu il ne soit tout simplement contraint de faire le tour de la ville tant les obstacles à sa traversée se multiplient. Alors bien sûr, les discours du maire se veulent rassurants : « On pourra continuer à entrer dans le centre avec sa voiture pour une raison précise, mais pas pour le traverser1. » Mais les faits sont têtus : la semi-pietonisation du centre-ville en croissance constante, la multiplication des voies consacrées à l’unique circulation des bus comme ce sera prochainement le cas rue Dupaty et rue de la Ferté, l’aménagement du square Valin engendrant la suppression des 200 places actuellement disponibles au bord du Vieux Port, l’édification de l’Hôtel 4 étoiles qui prendra la place de l’aire de stationnement du Gabut, ou encore la construction de parkings payant et surdimensionnés en périphérie de la cité sont autant d’éléments qui démontrent la volonté de bannir la voiture de la ville et de faire de l’automobiliste le contributeur principal des lubies municipales.

Futurs aménagements du square Valin
Aménagement du square Valin engendrant la suppression
des 200 places actuellement disponibles au bord du Vieux Port.

À trop vouloir faire des villes des laboratoires expérimentaux des politiques écologiques, à trop vouloir surfer sur la vague verte et les préoccupations environnementalistes que les résultats des dernières élections européennes semblent (mais semblent seulement) concrétiser dans les urnes, les bonnes intentions de quelques-uns risquent d’être dévoyées par les apôtres de la décroissance à tout prix. Les chimères rétrogrades proférées par quelques Ayatollahs verts ne constituent pas un projet de civilisation progressiste, et n’apporte que l’ascèse comme réponse aux concitoyens qui n’arrivent déjà pas à finir le mois sans avoir à se serrer la ceinture. La majorité abstentionniste des ouvriers et des employés (2 sur 3 ne sont pas allés voter2) savent bien que l’épée de Damoclès que constitue la crise sociale n’a pas disparu avec la montée d’Europe Ecologie, que leur déficit de pouvoir d’achat ne va pas s’améliorer à la perspective d’une nouvelle taxe contributive verte (qui s’ajoute à la douzaine de taxe déjà mises en œuvre depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République), et que l’on ne fait que déplacer les problèmes en fermant les villes pour que circulent paisiblement les bus électriques, les vélos jaunes et autres calèches. Comme le remarquait Jacques Faizant il y a plus de trente ans : « Le cycliste n'est pas, comme on feint de le croire, un automobiliste déchu. C'est un piéton miraculé3 ». Ceci est confirmé par les expériences récentes en faveur du vélo : moins de 10 % des nouveaux utilisateurs de vélo sont des conducteurs ayant renoncés à leur voiture en ville4. Donc si l’instauration du nouveau plan de déplacements à La Rochelle prend pour prétexte la qualité de la vie au centre-ville, il sera en fait surtout l’occasion de porter un coup (et un coût) supplémentaire au portefeuille des rochelais qui n’ont pas de garage personnel, des touristes, et des maricharentais. Car l’équipe municipale projette de faire de 900 places de parking, jusque-là gratuites, des emplacements de stationnement payant !  

Vue des futures zones de stationnement payantes
Les places de stationnement devraient être payantes à partir du
23 septembre 2009 dans les zones rayées en rouge.

Ce n’est pas la municipalité qui gère entièrement les parkings, de la fabrication des parcmètres jusqu’à la récolte des deniers. Le stationnement est la plupart du temps, intégralement ou en partie, en concession ou en affermage, sous traité par des sociétés privées. Même si le budget communal peut être bénéficiaire, le premier gagnant est toujours la société privée qui est sollicitée (achat d’horodateurs, de portiques, maintenance, …) et le premier perdant est le citoyen automobiliste qui se voit une fois de plus ponctionné. Il est étonnant que tous5 les élus, de gauche comme de droite, cautionnent un système qui spolie les citoyens pour alimenter des sociétés qui n’ont pour dessein que l’amplification de leurs bénéfices, alors qu’ils pourraient faire autrement si l’objectif était réellement d’éviter les « voitures ventouses6 » qui portent préjudice aux activités commerciales établies en ville. Si l’intérêt général guidait le choix des décideurs, tant au niveau de l’écologie que de la qualité de la vie en ville, comme de celui de l’accessibilité des services publiques et du développement du petit commerce, les élus seraient unanimes soit pour instaurer le disque horodateur, soit pour faire en sorte que l’extension des zones de parking payant soit compensée par la gratuité des transports en commun. Mais qu’il s’agisse du bus, du vélo, du Passeur, du bus de mer, et d’un nombre de parkings toujours plus important, à La Rochelle, tout se paye ! C’est ainsi qu’à partir du 23 septembre 2009, il y aura 900 occasions de plus de s’acquitter d’une dîme venant s’ajouter à toutes les autres pour garer son véhicule sur la voie publique inclue dans la zone verte à venir.

Voilà donc une taxe supplémentaire injustifiée qui viendra abonder le budget municipal afin de permettre la construction d’autres parkings, payant eux aussi, et par la même occasion les caisses de la société Parkéon qui fournit les horodateurs, le tout au beau milieu d’une crise économique d’une ampleur rarement égalée. Ce genre de mesure ne peut surgir d’une façon aussi inopportune que lorsque le dogmatisme absolu de l’élite prend le pas sur les réalités objectives auxquelles sont confrontés les contribuables toujours plus sollicités que nous sommes. Le décret n°2007-1503 instituant le disque européen de stationnement est pourtant bien paru au Journal Officiel du 21 octobre 2007, modifiant l’article R-417-3 du Code de la Route.

Disque européen de stationnement

Ce dispositif permet de favoriser la rotation des véhicules en limitant la durée de stationnement, qui reste gratuit, à un temps maximal déterminé librement par la collectivité.  Voilà donc une mesure qui dispense la collectivité d’investissements lourds, qui bénéficie d’une bonne acceptabilité sociale, et qui a pour avantage d’optimiser la disponibilité du stationnement tout en préservant le pouvoir d’achat des automobilistes électeurs… Pour une des rares fois où l’Europe a influé positivement sur la réglementation française, il est regrettable que la majorité des membres du conseil municipal, dont les étiquettes politiques laissent penser qu’elle est plutôt proeuropéenne, rechigne à se saisir de cette opportunité, ne serait-ce qu’en ce qui concerne ces 900 places de stationnement qu’elle préfère rendre payante.






1 Le nouveau plan de déplacements dévoilé, Sud Ouest, Lundi 08 Juin 2009 – http://www.sudouest.com/charente-maritime/actualite/la-rochelle/article/613752/mil/4627161.html
2 Les abstentionnistes de dimanche sont les jeunes, 20 minutes, le mardi 9 juin 2009 – http://www.20minutes.fr/article/331397/Elections-europeennes-Les-abstentionnistes-de-dimanche-sont-les-jeunes.php
3 Jacques FAIZANT, Albina et la bicyclette, Calmann-Lévy, Paris 1968, pages 59 et 60.
4 Les transports urbains en France, Science & Décision, octobre 2006, p. 24 – http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/31245/TRA.pdf?sequence=1
5 Par exemple 248 039,05 € attribués à la société Parkeon pour le contrôle des entrées/sorties du parking de l’Encan adopté à l’unanimité lors de la séance du conseil municipal du 27 février 2006.
6 Véhicule qui stationne sur une longue durée sans que cela ne permette une rotation des véhicules.




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