Mise à jour effectuée le 11/02/2011.

La Rochelle :
Du Top 14
aux abîmes…

D’une année sur l’autre, nous passons de la 14ème à la 64ème place. Il ne s’agit pas de Rugby, mais du classement de La Rochelle dans le baromètre de l’accessibilité réalisé par l’Association des paralysés de France. Et tout de suite une question s’impose face à ce constat : tant de millions d’Euros investis dans la politique de transport en mode doux ne devraient-ils pas permettre d’élargir l’accueil de la cité au plus grand nombre ?

Le guide du Handicap à La Rochelle

À 4 ans de l’échéance d’accessibilité du 1er janvier 2015, l’Association des paralysés de France publie la seconde édition du baromètre de l’accessibilité afin d’évaluer le niveau d’accessibilité des communes de France, et de mesurer l’avancement des travaux d’aménagement des communes françaises durant l’année 2010. L’avancement… ou la régression pour quelques une des 96 préfectures de la France métropolitaine ! Puisque l’on découvre notamment que la ville de La Rochelle, qui occupait la 16ème place en 20091 , se voit reléguée à la 64ème place pour l’année 20102 . La note générale pour 2009 nous permettait même d’être situé à la quatorzième place ex-æquo avec quatre autres villes. Mais cette note est passée de 12,8/20 en 2009 à 10,6/20 en 2010. Cette perte de deux points en une année démontre que la dégringolade de La Rochelle dans le classement n’est pas seulement due à l’amélioration des autres villes dans le domaine de l’accessibilité. La belle et rebelle affiche une note de 21/21 d’une année sur l’autre dans la thématique « Une politique locale volontariste ». Les 80 pages du guide pratique3 édité en 2007 sont certainement pour quelque chose dans ce satisfecit. Mais si l’on rentre dans le peu de détail offert par ce baromètre, on constate que l’évaluation d’ « Un cadre de vie de la ville adapté » plafonne à 6/21 (10/21 en 2009). Plus grave encore puisque dépendant directement de choix budgétaire municipaux dont la ville s’enorgueillit, le critère appréciant « Des équipements municipaux et des transports accessibles » se voit affublé d’une note de 6/20 (10/22 en 2009, soit 9,09/20).

Aujourd’hui, un baromètre apolitique nous révèle donc une aggravation des difficultés rencontrées par les personnes pour lesquels la cité se doit, d’un point de vue éthique et légal, de favoriser son accessibilité. Voilà un constat sévère, mais aussi une confirmation d’un constat plus global que je fais ici depuis déjà quelques années. Tout d’abord, si l’on ne peut pas reprocher à la municipalité de La Rochelle de manquer de volonté, force est de constater que la politique menée n’apporte pas les résultats que l’on serait en droit d’attendre vu les sommes d’argent public engagées. Et ensuite, comme l’a déjà démontré la politique de développement économique et industriel de la ville, tout le monde n’est pas traité à la même enseigne selon le quartier où il réside.

Sigles du Handicap

Dans la thématique « Un cadre de vie de la ville adapté », il s’agit essentiellement d’évaluer l’accessibilité des commerces, bureaux de poste, cabinets médicaux ou paramédicaux, cinémas et piscines. Mais depuis 2004, l’instauration municipale des zones4 franches urbaines (ZFU) à La Rochelle, à grand renfort d’argent public, a constitué une aubaine fiscale pour les médecins, avocats, notaires ou architectes qui ont migrés depuis les autres quartiers. Il va sans dire qu’une telle migration a pour effet de dépeupler certains quartiers de ces professionnels. Leur accessibilité pour les habitants devient alors tout de suite plus problématique, que ces habitants souffrent d’un handicap ou pas !

Dans la thématique « Des équipements municipaux et des transports accessibles », en plus du nombre de place de stationnement qui sont comptabilisés, c’est l’accessibilité des théâtres et des stades municipaux, des locaux de la mairie, des écoles primaires et des transports en commun qui sont analysés. Mais les laissés-pour-compte d’une politique se voient d’autant plus que la ville en fait des tonnes sur certains sujets. C’est le cas des modes de transport doux dont Denis LEROY5 ne manque jamais une occasion médiatique de faire la promotion. Les conséquences incommodantes pour les automobilistes sont multiples. Leur circulation est entravée par les piétons et les vélos qui proviennent de toutes parts dans les secteurs mixtes, ils ont été obligés de sacrifier une partie de la chaussée et des emplacements de stationnement, et ils subissent chaque jour les conséquences de l’inepte plan de circulation mis en œuvre en 2004.
A noter que ce dernier, s’il n’est pas prêt de permettre à La Rochelle de décrocher le prix de l’accessibilité pour les automobilistes, pourrait permettre à la municipalité de postuler à un éventuel prix de la relativité puisque, en voiture, on ne met pas le même temps selon le sens dans lequel on traverse la ville !
On aurait pu penser que des millions d’euros n’auraient pas été dépensés en parkings, dessertes propres, modification de signalisation et de mobilier urbain pour satisfaire aux seuls piétons, cyclistes, ou autres rollers. Mais si l’on en croit le baromètre, l’autophobie municipale n’a même pas facilité la vie d’une partie de ceux qui ne peuvent pas faire autrement que de faire appel à d’autres modes de déplacement. La chaise roulante, le déambulateur, ou la marche à pied avec l’assistance d’un chien guide ne sont pourtant pas des modes de transports moins doux qu’un vélo ou une trottinette. Mais ce sont néanmoins trois points qui ont été perdus d’une année sur l’autre dans la catégorie « Des équipements municipaux et des transports accessibles ». La Rochelle veut donner une image de sa politique de transport qui est bien au dessus de sa vraie valeur en terme de vivre ensemble.

L’étude de l’Association des paralysés de France apporte un éclairage cruel et sans appel sur l’efficacité de la politique menée, et ce quel que soit la sincérité des intentions initiales. Ce résultat est à imputer prioritairement à la ville, mais également au département puisqu’il subventionne, dans une unanimité quasi systématique, nombre d’équipements privés ou public qui, de toute évidence, ne donnent pas satisfaction dans le domaine de l’accessibilité. Alors que tout le monde regarde en direction de la zone SEVEZO, voilà donc un baromètre qui pourrait bien annoncer une nouvelle zone de turbulence dans la perspective des élections cantonales. 






 

4 Dans les quartiers de Mireuil, Laleu, La Rossignolette et La Pallice.

5 Conseiller municipal délégué à la cohérence urbaine et aux principes d'aménagement urbain, vice-président Mobilité et Transport de la communauté d’agglomération de La Rochelle, mais aussi Conseiller Général candidat à sa propre succession sur le canton de La Rochelle 6.





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